In Your Room / Triptyque
de Céline Astrié et la Cie Nanaqui

Mise en scène et scénographie : Céline Astrié
Musique
: Damien Goérès
Lumières : Xavier Lefrançois
Taxidermiste : Jacques Gilbert
Réalisation décor : Marie-Françoise Astrié
Technique : Stéphane Vidal
Avec : Céline Astrié, Kaman Camara, Danielle Catala, Stéphanie Gristi, Sandra Sotiropoulos,
Patrice Tépasso, Mikal Vidal-Astrié
Durée : 90 mn
Production : Nanaqui et le Théâtre de la Digue
Partenaires : la DRAC Midi-Pyrénées, la Mairie de Toulouse et le Conseil Général 31
Co-réalisation : Mix'art Myrys (2008), Le Ring (2010)
Prêts de  salles : La Fabrique de l’UTM, l’Usine / Lieu conventionné pour les arts de la rue – Tournefeuille/Grand Toulouse


In Your Room est un cycle de formes courtes et minimales comportant trois volets. Cette création en revient au motif inaugural de l’acte théâtral : la présentation incandescente des limites humaines comme noyau du politique.
Ce triptyque se décline donc scéniquement comme une série de portraits anonymes traversés par les questions de la communauté, de l’intimité et de l’identité. Les visages, qui y viennent à notre rencontre, jalonnent notre quotidien tout en se trouvant exclus de la vie civile. Ce sont des figures orphelines tracées par la brûlure du présent et soumises à la froide lumière archaïque de notre mémoire. Parce qu’elles touchent les limites du sens, de la communauté, de la vie, de la dignité, leur venue face à nous génère un questionnement propre au théâtre : celui du fondement et des contours de la "cité", de la vie citoyenne qui est toujours la nôtre.


Notes d’intentions sur la mise en scène :

Sur le Théâtre et le Politique
« Voici comment je conçois schématiquement le déroulement de ce triptyque et celui du dernier volet : je les vois comme trois blocs temporels dont le fil conducteur est la transmission et ce qui les relie l’usage du langage et l’exercice de la liberté. Le passé comme dialogue avec la mort, c'est-à-dire avec notre propre négativité, c’est la vieille dame : le néant, la mélancolie, le vieux tragos ironique comme patrimoines. Le présent, le choeur, c’est-à-dire le langage nu et la nudité solitaire de l’individu qui forme l’atome de nos sociétés contemporaines. Le futur ou plutôt ce qui se tient devant nous, avec la question éthique et politique qu’ouvre le sans-papiers qui porte la légitimité de l’individu jusqu’au néant de son fondement, fondement métapolitique de nos démocraties.

Ce troisième volet introduit donc une crise, c’est le scandale d’une présence injustifiable au cœur du consensus démocratique. C’est l’irruption d’une dissension qui creuse encore l’écart entre l’individu et le citoyen, et qui pose la question des limites de la dignité, de l’essence de notre citoyenneté, du sens que recouvrent les mots égalité, liberté et démocratie.
Demokratos signifie en grec le « gouvernement » (kratos) du « peuple » (dèmos) et la question, au-delà  de celle d’un régime et de ses inégalités, et celle de la légitimité et du sens de ce pouvoir qui repose sur le pouvoir de « n’importe qui », c’est-à-dire sur une égalité garante de notre liberté.

Remettre au centre peut-être de ce questionnement, de cette mise en procès de la signification de notre communauté de spectateurs, un mot, un nom, comme celui de "démocratie" auquel nous instruit le théâtre à l’origine. Ce mot qui questionne le lieu de la gouvernance, du pouvoir, au sens de l’acte, comme lieu inachevé et inachevable du politique. Ce mot introduit un questionnement à la fois intime, communautaire, social, idéologique et politique. Sous le nom de gouvernance, de pouvoir, il met en jeu un agir aux perspectives infinies au cœur du fini. Une liberté que nous instituons, dont nous sommes les auteurs et d’où nous tirons une dignité qui ne vaut que comme appartenance à la communauté humaine.

Le fond de cette intervention c’est toujours la présentation du mort aux yeux de la cité, comme dans la première partie du triptyque, mais cette fois ci, cette présentation s’est déplacée, elle ne touche plus les limites « naturelles » et métaphysique de notre existence, elle est au cœur du politique, de ce qui règle notre « vivre ensemble ». Non plus un héritage commun et livresque, mais une praxis. L’art ici ne devient plus seulement le lieu des questionnements que l’on cantonne trop souvent à la solitude du témoignage d’un individu sur le monde qui l’entoure.  Il ne s’agit pas ici d’un « spectacle » au sens d’un art réduit à un objet de consommation esthétique (belles images etc.). Il ne s’agit pas non plus d’un art savant didactique. Ce n’est pas le lieu d’un débat, mais d’un conflit qui dans la présentation des limites qui instituent notre lien communautaire, rend possible et surtout institue, le lieu commun d’un partage du sens comme lieu politique par excellence, comme exercice de la démocratie, c’est-à-dire du pouvoir. »
Céline Astrié

©Virginie Granié

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/ Photographies Virginie Granié et Stéphane Vidal